Carmen à Anthéa : au cœur de la passion et de la tragédie

La liberté a un prix

Quel bonheur de retrouver la scène pour Carmen, cet opéra universel qui ne cesse de fasciner. La production de Daniel Benoin à Anthéa fut une aventure artistique totale, d'une beauté et d'une intelligence rares. Situer l'action en 1936, au cœur d'une Espagne qui s'embrase, n'est pas un simple décor. C'est un choix qui ancre le drame dans une réalité palpable, où la quête de liberté de Carmen résonne avec une force décuplée. Elle n'est plus seulement une bohémienne insoumise ; elle devient le symbole de toutes les femmes combattantes, de celles qui refusent de céder.

Escamillo, face au destin

Pour moi, incarner Escamillo dans ce contexte, c'est donner vie à un homme qui, derrière la flamboyance du torero, représente un ordre et une gloire qui seront bientôt balayés par l'histoire. Ma relation avec Carmen, et ma rivalité avec le Don José de mon confrère Jean-François Borras, prenaient une dimension encore plus tragique. Nous étions les deux facettes d'un monde au bord du gouffre.

L'accueil du public fut extraordinaire. Sentir l'enthousiasme et l'émotion de la salle à chaque représentation est la plus belle des récompenses. Les décors grandioses de Jean-Pierre Laporte, à qui nous rendons hommage, créaient un écrin somptueux pour cette tragédie. Chaque soir, sur scène, au milieu des chœurs magnifiques de l'Opéra de Nice, nous ne jouions pas seulement Carmen. Nous la vivions, avec toute l'ardeur et la passion que Bizet a insufflées dans sa partition immortelle.

Ce fut, sans aucun doute, un spectacle d'une fabuleuse beauté totale.